Association de deux huiles végétales bien connues pour leur action bénéfique dans la lutte contre les allergies. L'intérêt de ces huiles réside essentiellement dans la présence, en grande quantité, d'un acide gras spécifique , l'acide gamma linolénique.

Ils contiennent également de la vitamine E et une grande quantité de polyphénols protecteurs et de flavonoïdes (1). L'huile d'onagre contient 8 à 10 % d'acide gamma-linolénique et l'huile de bourrache le double.

Il est important de mentionner que l'huile d'onagre contient également une fraction importante d'alcools gras à longue chaîne dont le rôle métabolique est connu : hexacosanol, tétracosanol, docosanol et octacosanol. Il a été démontré qu'un mélange de ces substances inhibe la formation de certains médiateurs inflammatoires, l'interleukine et le TNFalpha (2). Ainsi, l'action des huiles d'onagre et de bourrache ne peut être réduite à la seule présence d'acide gamma linolénique.

L'acide gamma-linolénique est un acide gras polyinsaturé à longue chaîne, donc très réactif. Il se situe à un carrefour métabolique extrêmement important qui régit à la fois le processus inflammatoire et la circulation sanguine. Fait intéressant, l'acide gamma-linolénique se trouve en quantités importantes dans le lait maternel.

Le mécanisme d'action

Pour bien comprendre le mécanisme d'action de l'acide gamma linolénique, il est nécessaire de donner quelques détails simples.

Il existe deux acides gras qui sont considérés comme "essentiels" car le métabolisme humain ne peut pas les produire. Ce sont l'acide alpha linolénique (série oméga 3) et l'acide linoléique (série oméga 6). Ces deux acides gras polyinsaturés à longue chaîne sont les précurseurs de deux voies métaboliques concurrentes dont l'équilibre est essentiel.

En général, on peut dire que la série oméga 6 donne naissance à des médiateurs qui, d'une part, génèrent de l'inflammation et, d'autre part, augmentent l'agrégation plaquettaire, c'est-à-dire qu'ils augmentent la viscosité du sang. Les huiles riches en oméga 6 sont les huiles d'arachide, de tournesol et d'avocat, ainsi que les graisses laitières et la viande. Si nous consommons trop de ces huiles en plus de la viande et du fromage, notre corps est sujet à une inflammation chronique qui fragilise l'organisme et favorise les états allergiques.

Au contraire, la série oméga 3 génère des médiateurs anti-inflammatoires et diminue l'agrégation plaquettaire sanguine. Les huiles riches en oméga 3 sont les huiles de lin, de noix, de soja et de colza.

L'acide linoléique se transforme en acide gamma linolénique, présent en grande quantité dans l'onagre et la bourrache, et appartient donc à la série des oméga 6, théoriquement pro-inflammatoires. Dans ces conditions, comment expliquer l'action anti-inflammatoire de l'acide gamma linolénique et son action contre les allergies ? Dans la série des oméga 6, l'acide linoléique est transformé en acide gamma linolénique puis en acide dihomo gamma linolénique, sous l'action d'une enzyme clé, la delta 6 désaturase. Il s'avère que ces deux acides gras se transforment en diverses cytokines et leucotriènes anti-inflammatoires. Mais, dans certaines conditions pathologiques (vieillissement, stress, mauvaise alimentation), la delta 6 désaturase est inactivée, entraînant une carence en acide gamma linolénique. Cette carence a été confirmée chez des sujets allergiques souffrant d'asthme ou d'eczéma.

Il est intéressant de noter qu'un des dérivés de l'acide dihomo gamma linolénique bloque sa transformation en acide arachidonique hautement pro-inflammatoire. A noter également que la peau ne contient pas l'enzyme delta-5-désaturase qui permet cette transformation. Cela permet de comprendre pourquoi les huiles de bourrache et d'onagre ne sont pas pro-inflammatoires sur la peau, bien qu'elles appartiennent à la série des oméga 6, mais plutôt anti-inflammatoires (3). Cela a été confirmé par une étude sur des femmes adultes en bonne santé qui ont pris de l'huile de poisson riche en oméga-3 et de l'huile d'onagre. Des tests sanguins ont montré une augmentation significative des niveaux d'acide gamma-linolénique sans augmentation des niveaux d'acide arachidonique (4).

Parmi ses avantages, citons :

1 Action anti-rhumatismale

L'arthrite expérimentale est induite dans les pattes de rats par injection d'adjuvant de Freund. L'administration d'huile d'onagre aide à prévenir l'invasion des tissus par les cellules inflammatoires, réduit l'hyperplasie synoviale et normalise les niveaux d'angiopoétine-1 et de TNF-alpha (facteur de nécrose tumorale). Ces résultats permettent aux auteurs de l'étude d'envisager l'huile d'onagre et de bourrache comme traitement de base pour freiner la progression de l'arthrite et réduire les doses d'analgésiques chimiques ou d'anti-inflammatoires (5).

Bien que l'action anti-inflammatoire de l'acide gamma-linolénique soit confirmée par de nombreux auteurs, il semble que cette action soit complétée par une modification de l'expression de certains gènes qui modulent les réponses inflammatoires et immunitaires (6).

2 Dermatite atopique et eczéma

Ce sont des dermatoses qui se traduisent par des rougeurs, des démangeaisons, des desquamations avec peau sèche qui surviennent par poussées et sont dues à un trouble immunitaire et inflammatoire.

On observe depuis longtemps que l'eczéma atopique s'accompagne d'une baisse de l'activité delta-6-désaturase, qui, comme mentionné plus haut, transforme l'acide linoléique en acide gamma-linolénique. Il semblerait même que ce dysfonctionnement de cette enzyme soit responsable de la maladie (7).

Il n'est donc pas surprenant que l'eczéma s'accompagne également d'une baisse du taux d'acide gamma-linolénique. Une étude clinique portant sur 21 jeunes patients a montré que l'administration d'huile d'onagre pendant 3 mois augmentait les taux sanguins d'acides gamma-linolénique et dihomo-gamma-linolénique. Les résultats cliniques sont directement proportionnels à cette augmentation (8).

Une précédente étude avait montré que la sévérité de la dermatite atopique était corrélée à un taux plus élevé d'acide linoléique et à une baisse plus marquée du taux d' acide gamma-linolénique et dihomo gamma-linolénique. La sévérité de la maladie a été évaluée par la perte hydrique transépidermique et par l'indice SCORAD (Scoring Atopic Dermatitis). (9)

Au niveau clinique, plusieurs études récentes ont confirmé l'efficacité des huiles riches en acide gamma-linolénique dans la dermatite atopique avec hyperprolifération de l'épiderme et rupture de la barrière épidermique entraînant une sécheresse cutanée (10).

Ainsi, une étude récente a été menée en Corée, en double aveugle contre placebo, chez 50 patients atteints de dermatite atopique modérée. Les patients ont reçu, selon leur âge, 4 à 12 gélules par jour d'huile d'onagre pendant 4 mois.

Le groupe expérimental a enregistré une amélioration statistiquement significative par rapport au groupe témoin, de l'indice de sévérité utilisé pour mesurer l'efficacité du produit. En particulier, une amélioration significative a été observée dans l'érythème, la peau sèche, le prurit et les lésions cutanées par rapport au placebo (11).

3 Asthme allergique

Compte tenu de la relation entre l'eczéma et l'asthme, il était logique de tester l'efficacité des huiles riches en acide gamma-linolénique sur cette dernière condition. Les deux sont associés à la même augmentation de certains médiateurs de l'hypersensibilité : Immunoglobuline E (IgE), Tumor Necrosis Factor-alpha (TNF-alpha) (12).

L'administration d'huiles riches en acide gamma-linolénique, et en particulier d'huile de bourrache, à des patients asthmatiques, peut inhiber la formation de leucotriènes pro-inflammatoires (13). Cette action semble être renforcée lorsque l'acide gamma-linolénique est associé à une huile de poisson riche en oméga 3 (14).

Plusieurs études cliniques ont montré des résultats prometteurs, mais elles ont souvent été réalisées sur de courtes périodes. C'est le cas d'une récente étude en double aveugle contre placebo portant sur 38 patients asthmatiques tenaces ayant reçu un extrait de bourrache pendant un mois seulement. A noter que ce type de produit nutritionnel agit sur l'ensemble du métabolisme de manière physiologique. Ils agissent en profondeur en corrigeant les causes du trouble et cela prend du temps. Il faut donc envisager des cures de 3 mois pour obtenir une amélioration réelle et nette. Dans cette étude citée, les auteurs ont cependant observé une amélioration clinique par rapport au placebo, des symptômes classiques de l'asthme : toux, dyspnée, essoufflement (15).

4 Psoriasis

Les résultats ci-dessus suggèrent également d'examiner le psoriasis, une maladie inflammatoire systémique causée par un dérèglement immunitaire qui affecte la peau sous la forme de plaques sèches et squameuses et d'une inflammation douloureuse des articulations. En fait, il existe de nombreux liens biochimiques entre le psoriasis et l'eczéma atopique. Ainsi, chez ces patients, on observe une augmentation du taux d'acide arachidonique , précurseur de nombreux médiateurs inflammatoires. De plus, on sait que la peau est recouverte de céramides qui constituent une barrière protectrice. Cependant, dans le psoriasis, comme dans les cas de dermatite, le taux de céramides liés à de longues chaînes d'acides gras est réduit. Ce phénomène serait causé par un excès d'une cytokine appelée Interféron-gamma (IFN-gamma) dans les deux maladies (16).

On pense que la dermatite atopique et le psoriasis sont dus à une rupture de la barrière céramide qui régule la perméabilité cutanée causée par une série de cytokines, dont l'IFN-gamma, le TNF et l'interleukine 1 et 6 (IL-1 et IL-6) qui bloquent les élongases , enzymes qui permettent l'allongement des acides gras. Un apport d'acide gamma-linolénique aide à générer des cytokines antagonistes qui rétablissent l'équilibre (17).

5 Acné

L'influence de l'alimentation sur l'acné est bien connue et semble être aggravée par un excès de produits sucrés et laitiers , caractéristique de l'alimentation occidentale (18).

L'acné provoque une inflammation chronique des glandes sébacées qui sont ensuite colonisées par la bactérie Propionibacterium acnes. Ceux-ci favorisent la production de médiateurs inflammatoires qui aggravent le processus. Des rougeurs, des démangeaisons, un excès de sébum et une kératinisation de la peau apparaissent. Le déclencheur de ce processus pathologique semble être dû à la fois à une alimentation déséquilibrée et à une défaillance du système immunitaire inné (19).

Comme les troubles allergiques précédents, l'acné s'accompagne d'une modification du taux d'acides gras polyinsaturés, avec une prédominance d'acides gras pro-inflammatoires. Cela a incité les chercheurs à tester l'efficacité de l'huile de bourrache riche en acide gamma-linolénique sur l'acné avec des résultats positifs (20).

Tout le monde connaît les effets secondaires désagréables et même graves de l'acide rétinoïque, un médicament couramment utilisé dans le traitement de l'acné, ainsi que du psoriasis et des dermatoses. Ceci, en plus des problèmes de foie, provoque un érythème très désagréable, des lèvres et des yeux secs ainsi qu'une peau sèche en raison d'une perméabilité transépidermique accrue. Une équipe coréenne a administré de l'huile d'onagre avec de l'acide rétinoïque à 40 patients. Les doses d'acide rétinoïque étaient bien inférieures à celles couramment utilisées. Les résultats ont été bons sur les signes cliniques et l'ajout d'huile d'onagre a réduit la sécheresse oculaire et la déshydratation cutanée. Les huiles végétales riches en acide gamma-linolénique constituent donc un traitement complémentaire utile et également un traitement de base après arrêt de l'acide rétinoïque (21).

D'autres auteurs ont testé l'efficacité de l'huile de bourrache contre l'huile de poisson. Des résultats positifs similaires ont été obtenus dans les deux cas, avec une réduction de l'inflammation, corroborée par des tests histochimiques. En particulier, une diminution marquée du taux d'interleukine-8 pro-inflammatoire a été observée (22).

Le traitement de l'acné doit toujours être associé à un antibactérien local, efficace et bien toléré. En ce sens, l'argent colloïdal semble être le meilleur choix , étant très actif sur Propionibacterium acnes (23).

6 Troubles menstruels

Les huiles d'onagre ou de bourrache sont couramment utilisées pour lutter contre les douleurs menstruelles au niveau des ovaires et des seins. Diverses études cliniques attestent de son efficacité. En particulier, une étude clinique contrôlée a été réalisée à la Mayo Clinic, en double aveugle contre placebo, chez 41 femmes se plaignant de syndromes prémenstruels. Le groupe qui a reçu 3 g par jour d'huile d'onagre combinée à de la vitamine E pendant 6 mois a vu une diminution des symptômes douloureux (24). Cela confirme le rôle harmonisant hormonal de l'huile d'onagre.

conseils nutritionnels

Au vu de ce qui précède, les huiles riches en acide gamma-linolénique peuvent être considérées comme un traitement nutritionnel de base de l'asthme, de l'eczéma, du psoriasis et de l'acné en complément des traitements chimiques dans les cas aigus.

Plusieurs études cliniques semblent attester qu'il serait prudent de compléter l'apport d'huile d'onagre et de bourrache par un apport concomitant d'huile de poisson riche en acides gras oméga-3 à longue chaîne. En effet, le simple apport d'huiles riches en acide gamma-linolénique de la série oméga-6 génère également de l'acide arachidonique, précurseur de nombreux médiateurs pro-inflammatoires. Un apport supplémentaire d'huile de poisson riche en acides gras EPA et DHA permet de limiter la formation d'acide arachidonique et de générer un grand nombre de médiateurs anti-inflammatoires, vasodilatateurs et de réduire l'agrégation plaquettaire (25).

Plusieurs études cliniques confirment la pertinence de cette association qui a été testée avec succès dans la dermatite atopique en associant acide gamma-linolénique, acides gras oméga-3 et probiotiques (26). De bons résultats ont été obtenus dans le psoriasis (27) et dans la polyarthrite rhumatoïde (28).

Il faut aussi remettre en cause une alimentation occidentale trop riche en acides gras de la série oméga-6 présents dans les viandes, les laitages et les huiles végétales d'arachide, de maïs et de tournesol. Rappelons que les acides gras oméga-6 se transforment en acide arachidonique dont l'excès est nocif et provoque une inflammation chronique, une augmentation de la viscosité du sang et un rétrécissement du diamètre des artères.

Par conséquent, une alimentation de type méditerranéen est recommandée pour renforcer l'action de l'huile d'onagre et de bourrache. Il est également intéressant de noter que les populations esquimaudes qui ont une alimentation traditionnelle à base de poisson, très riche en acides gras polyinsaturés, ont très peu de maladies cardiovasculaires, d'asthme, de polyarthrite rhumatoïde et de psoriasis (29).

Certaines études cliniques ont obtenu des résultats décevants dans les indications ci-dessus. Nous pensons que cela est dû au fait que le traitement a été trop court ou que les patients n'ont pas corrigé leur alimentation. Une alimentation de type occidental favorise l'inflammation chronique et les états allergiques et entrave l'action bénéfique de l'acide gamma-linolénique.

Yves Ponroy

Biochimiste - Docteur en Sciences

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